à mes petites morts – 2023/2025
En tant que performeuse de l’intime, j’interroge mon rapport à ce qui est caché, secret, souterrain. Je place mon corps dans des situations physiques et contraignantes qui l’obligent à faire émerger ce qui le rend vivant. Pour cela, je me base sur mon intime et plus particulièrement sur mon rapport à mon corps de femme trans, à mon désir, à des matières pour lesquelles je ressens une forte attraction. Je crée une géographie corporelle à fleur de peau, mon corps tisse l’espace, pénètre les frontières, entre dans la matière, se tord et se détord au gré des éléments. Il se transforme et renaît à de multiples reprises : transmuté, transformé, transcendé. Dans cette installation performative, je rends hommage à mes renaissances passées et à venir, et à la fluidité de mon être. En perpétuel mouvement, je parcours les ruelles invisibles de mon corps en permanente évolution. Je trouve un état de liberté dans la contrainte qui m’est imposée. Toutes ces résurgences m’ont faite mourir et renaître à la fois, placée dans un état second par le plaisir qu’elles me procurent, un entre-deux troublant, qui me donne la force et la puissance d’agir. Au 16ème siècle, on appelait ça la petite mort.
« Jaillir du fond pour soulever les surfaces. »
Georges Didi-Huberman, Désirer désobéir, , Les Editions de Minuit, 2019.
Cette performance retrace l’histoire d’une émancipation : chaque interaction et chaque attraction à la matière questionnent mes relations intimes aux concepts de pouvoir et de puissance, de l’autre et comment nous sommes lié·e·s. Chaque geste devient autant de soulèvements initiant l’étincelle d’une possible révolution. Se ré-imaginer, s’inventer, s’expérimenter pour renaître, se définir et se dépasser. Mon art déclenche, trouble les masses et dérange.
Pour cette création autobiographique, mon corps relationne avec des fluides pour explorer sa plasticité et sa corporéité. C’est par celui-ci que l’installation plastique s’active. Je la fais vivre, la transforme et la fais évoluer en temps réel. Cette union sacrée crée une relation d’interdépendance où l’une tenterait de dominer l’autre sans succès. Une fois traversée, l’installation continue à se mouvoir d’elle-même comme un organisme vivant, une extension de mon être.
à mes petites morts invite à une traversée inédite en proposant à chaque membre du public, si iel le souhaite, de prendre part aux temps de performance. Les spectateur·rice·s peuvent se déplacer à travers l’installation avant même qu’elle soit activée et vivre la contrainte, l’inconfort et la gêne expérimentés par la performeuse. Venez expérimenter une proximité partagée et devenir des co-créateur·rice·s d’une relation intime transgressive. En espérant vous inspirer à vous émanciper afin de réaliser à votre tour un geste subversif.