La recherche-création comme cadre expérimental
« La Recherche-création vient de cette volonté commune qu’ont les artistes et les chercheurs à analyser des interactions sociales. En ce sens, ce courant n’est pas une nouvelle discipline, c’est une interdiscipline (Sophie Stévance). La recherche-création est une recherche qui s’appuie sur la pratique artistique. Elle part du principe que les œuvres sont des révélateurs puissants, à même de saisir des enjeux qui échappent à la rationalité. Le passage par l’émotion, l’esthétique et la mise en scène informe le réel. » Lise Landrin & Julie Arménio
Réponse performative
La performance est un terme valise, chaque discipline met dans ses contours une interprétation différente, et le terme aime voyager, si bien que sa signification a beaucoup muté. En latin par-formare indique littéralement l’action de former quelque chose. Une action « performée » est ainsi un geste ou une parole qui a pris forme, qui est acté. L’anglais a ensuite adopté ce terme en faisant du performer, un acteur de la vie de tous les jours, un personnage qui ignore le rôle qu’il est en train de jouer. Pour les sociologues et les études de genre, le terme de performance devient particulièrement intéressant puisqu’il insiste sur le caractère construit de nos personnages. Ainsi les performances studies naissent dans les années 1980 à l’intersection de l’anthropologie et des arts de la scène pour étudier toutes les implications scéniques de notre construction sociale et de nos performances quotidiennes.
Quartier Presqu’île à Grenoble – 2019/2022 – Violente Paix
« Violente, paix. Termes contradictoires à première vue. Et pourtant, tout le monde ne serait pas d’accord. « Nous » vivons dans une société en paix, dans une période de paix, à n’en pas douter. Mais qui est ce « nous » ? Qu’est-ce que la paix ? Violente paix est un slogan trouvé sur les murs du quartier Saint-Bruno à Grenoble au moment où Claire, Lise, Julie et moi préparions ce workshop. Il a surgi au bon moment pour nourrir nos réflexions sur la violence structurelle de l’urbanisme, du néolibéralisme, des politiques martiales qui nous dirigent, et finalement de la transition écologique… Violente paix ouvre une voie pour rechercher la face cachée de notre société, pour regarder au-delà des récits hégémoniques et écouter les contre-récits. »
Karine Gatelier, chercheuse indépendante à Modus Operandi
En collaboration avec Julie Arménio, Lise Landrin et Karine Gatelier (avec l’Université Grenoble Alpes)
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Corps Accords – In situ en forêt
Corps accord est une recherche-création sur l’incorporation des savoirs dans le contexte Corps en forêt. Les corps sont des palimpsestes de savoirs. Chaque geste, chaque trace que l’on porte est la marque d’un apprentissage, d’une sociabilité, d’un échange. Tous les corps ont quelque chose à dire du monde.
Comment nos corps urbains appréhendent et éprouvent la forêt ? Une forêt qui n’est plus sauvage, non, mais bien domestiquée par notre espèce. La réponse à la question requiert de passer par les corps.
Comment les corps improvisent et dansent avec et dans cette forêt ? Qu’est-ce qu’ils révèlent des lieux en leur intimité ? Quels mouvements avons-nous envie de transporter avec et pour les autres pour faire discuter et penser nos corps dans le dedans ? Et en quoi cela résonne avec les théories partagées ?
Puisque l’imaginaire collectif est perpétuellement incorporé, puisque l’expression des corps peut être à la fois aliénant et libérateur, cet embryon de recherche-création se propose de mettre en scène les corps et de faire usage de la création pour révéler, conscientiser et redonner un accès libre aux savoirs des corps.
Avec – Lise Landrin, Antoine Mérot, Clémence Guillin, Fateh Foroomand, Killian Hallier et François Ménager
Interventions artistiques – Julie Arménio et Jackie Simoncelli
Remerciements – Laboratoire PACTE, Espace Scénique Transdisciplinaire (EST), Gîte Angustia, les participant-es des ateliers Corps Accord.
Projet soutenu par le Labex ITTEM
Les corps pensants
« Les corps sont des palimpsestes de savoirs. Chaque geste, chaque trace que l’on porte est la marque d’un apprentissage, d’une sociabilité, d’un échange. Tous les corps ont quelque chose à dire du monde, et pourtant, l’accès aux savoirs reconnus est inégalement réparti. Comment et par qui les savoirs sont-ils produits ? La réponse à la question requiert de passer par les corps. En effet, mener une recherche sur la production des savoirs ne dépend pas seulement de ce qui est dit, mais aussi de comment la chose est dite : avec quels corps, quels répertoires de gestes, avec quelle intention et pour quelle réception ? (…) » Lise Landrin & Julie Arménio
ll s’agit de questionner nos quotidiens, de s’inspirer de la microsociologie, de lire collectivement des textes en sciences sociales, de développer l’esprit critique grâce aux apports théoriques d’enseignantes chercheuses, d’explorer nos lieux communs, d’expérimenter les cartes sensibles afin d’aboutir à une réponse performative dans l’espace public.
Quartiers Chorier-Berriat et Europole à Grenoble – Juin 2018
Dérives, cartes sensibles et intervention d’une spécialiste de l’architecture et du droit à la ville.
- Mettre en mouvement les cartes sensibles
- Réflexion sur nos usages de nos espaces, nos interactions, nos quotidiens et rituels existants
- Un rituel : tous les jours à la même heure, une même performance, avec des comédien-nes jouant des situations qui questionnent le quotidien
- Analyse d’articles scientifiques sur la démarche et sur nos productions intellectuelles
- Une expo photo film de l’expérience
- Une brochure accueillant les textes et analyses des scientifiques et une trace écrite des explorations scientifiques et sensibles
- Création et représentation d’une Inattendue – Performance inspirée du territoire étudié
Télécharger le livret Résidence In situ Chorier-Berriat/Europole Grenoble
Extrait du livret construit lors de la résidence de Juin 2018. Secteur 1 Grenoble
Ensemble mais séparés à partir de « L’arrangement des sexes » de Erving Goffman – 2018/2019
Les étudiant-es participent à une semaine de workshop dans laquelle enseignantes, artistes et étudiant-es en licence de géographie créent et pensent collectivement. Lors de cette semaine, nous explorons les lieux communs, nous glanons des postures, nous observons l’arrangement des sexes dans l’espace public, nous dessinons des carto-strates et nous créons collectivement une réponse performative. La dernière a eu lieu dans le tram et prend la forme d’une partition dansée.
Expériences menées en collaboration et en présence de Julie Arménio (metteuse en scène), Lise Landrin (doctorante et enseignante en Géographie) et Claire Revol (maîtresse de conférence et chercheuse en philosophie et en géographie).
Remerciements – Université Grenoble Alpes, Laboratoire Pacte, Performance Lab et l’EST