Emergence d’un champ à l’intersection
« La Recherche-création vient de cette volonté commune qu’ont les artistes et les chercheurs à analyser des interactions sociales. En ce sens, ce courant n’est pas une nouvelle discipline, c’est une interdiscipline (Sophie Stévance). La recherche-création est une recherche qui s’appuie sur la pratique artistique. Elle part du principe que les œuvres sont des révélateurs puissants, à même de saisir des enjeux qui échappent à la rationalité. Le passage par l’émotion, l’esthétique et la mise en scène informe le réel. Cette proposition d’étude est donc une posture de dialogue constante entre des épistémologies distinctes (celle de la réalisation artistique et celle de la réflexion théorique scientifique), en croisant leurs outils respectifs. Avant tout, elle vise une compréhension critique de la société sur une base participative et dénonce la distance à l’objet d’étude tel que l’envisage la démarche scientifique positiviste. Cette recherche profondément réflexive, conteste la posture du chercheur comme l’expert prétendu du savoir. Elle postule que la complexité du monde contemporain requiert de nouveaux langages : celui des émotions et des corps. Le contexte grenoblois qui encourage déjà à la rencontre d’artistes et de chercheurs est propice à cette recherche qui prend l’art à la fois comme médiation, objet et création de savoirs. Nous nous intéresserons aux vécus des personnes et irons à la rencontre des passant.e.s pour analyser l’impact de nos constructions sur l’usage de nos territoires. »
(Lise Landrin et Julie Arménio)
Retour sur expériences
- Résidences In situ Chorier-Berriat/Europole Grenoble [Pour en savoir plus]
- Les corps pensants en collaboration avec L’UGA Université Grenoble -Alpes [Pour en savoir plus]
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La performance et les « Performances studies » c’est quoi ?
La performance est un terme valise, chaque discipline mets dans ses contours une interprétation différente, et le terme aime voyager, si bien que sa signification a beaucoup muté. En latin « par-formare » indique littéralement l’action de former quelque chose. Une action « performée » est ainsi un geste ou une parole qui a prit forme, qui est actée. L’anglais a ensuite adopté ce terme en faisant du « performer » un acteur de la vie de tous les jours, un personnage qui ignore le rôle qu’il est en train de jouer. Pour les sociologues et les études de genre, le terme de performance devient particulièrement intéressant puisqu’il insiste sur le caractère construit de nos personnages. Ainsi les performances studies naissent dans les années 1980 à l’intersection de l’anthropologie et des arts de la scène pour étudier toutes les implications scéniques de notre construction sociale et de nos performances quotidiennes.
Dans l’art, la performance renvoie plutôt à une proposition basée sur le caractère unique de la réception de l’œuvre. Les performances et les interactions qu’elles créent depuis l’avant-garde veulent lutter contre le conformisme social et contre la passivité des spectateurs. On peut aussi penser à la « performance » en termes sportifs pour désigner un exploit ou encore à cette récupération par l’idéologie contemporaine qui prône les performances de la productivité. Ces dérives ne doivent pas empêcher de voir que le tournant performatif des années 1980 a permis aux chercheurs des sciences humaines et sociales ainsi qu’aux artistes de faire converger leurs intérêts pour l’action, pour la participation et pour la réflexivité en faisant tomber les barrières entre disciplines pour mieux servir la justice sociale.