Un-e dit visible a été une invitation à questionner, ensemble, notre rapport à l’(in)visible et à la place des femmes dans la ville. Entre janvier et mars 2022 ont eu lieu des labos avec des amatrices suivis d’un spectacle performatif le 12 mars.
Bien plus qu’une série de labos, cette expérience a provoqué la rencontre pour se transmettre nos puissances, nos feux, nos fougues, nos intimités au-delà des âges et des frontières. Elle a donné à voir et à vivre en quoi la sororité peut transformer.
(sans regarder la feuille)
Témoignage de Maria, participante
« L’histoire commence avec des visuels, des descriptifs, des expressions qui parlent, suscitent l’envie. Suis-je concernée ? Si oui, comment ? Ai-je ma place ? Comment vais-je me positionner ? En fait mon questionnement se révèle dérisoire. Un voyage ne se passe-t’il pas de motif ? Notre place est intrinsèquement légitime où que l’on aille, quoi que l’on fasse, quel que soit notre statut social. Bien sûr dans la vie de tous les jours, cela ne se passe pas comme ça . La société et ses codes nous dictent notre position et comment il faut se comporter. Dans la proposition Un-e dit visible le pari est de faire voler en éclat ces conventions pour faire éclore d’autres points de vue.
Alors OUI je participerai à ces ateliers, quoi qu’il m’en coûte. Sans doute vais je à la rencontre d’une zone d’inconfort, il me faudra faire appel à des ressources dont j’ignore l’existence ou tout simplement oubliées de ne pas avoir été convoquées.
Je rencontre d’autres femmes, plus jeunes, plus âgées, semblables. Je ne connais pas leur vie. Celle-ci se dessine au fur et à mesure des exercices, des mots lâchés, des corps en mouvement, des confidences en aparté, des rires qui fusent, des larmes qui jaillissent, des émotions qui s’exposent.
Un magma prend corps. Il contamine, s’infuse dans nos propres ressentis. On se confie, on se donne à voir, on prend les mots des autres, d’autres pensées nous visitent. C’est comme un brasero en sommeil attisé par le souffle de chacune. J’avais peur de me brûler, j’avais peur de l’incendie. Mais j’y vais. Parce que ce qui nous est donné ce sont des outils, des armes pacifiques.
Il faut dire que les lieux sont habités par des fées. Leur présence, indispensable, magnifie les cheminements . Elles sont au nombre de quatre, chacune ayant une spécialité, mais toutes comprenant le langage des autres. Elles sont quatre, elles sont une. Et de leurs baguettes magiques elles nous aident à traverser nos chemins de traverse sans jamais nous brusquer.
La restitution publique de ces 11 journées d’atelier constitue le fil conducteur. Toutefois ce qui importe, c’est la route parcourue. L’émotion que le groupe a vécu se lit dans les portraits sensibles, dans les dérives de la quotidienneté, dans les danses improvisées, dans les textes rédigés. Le public a reçu ce pétrissage en mouvement. Il a savouré.
Alors, oui l’expérience a été une réussite. Aujourd’hui, je me sens orpheline, d’avoir lâché la main des mes sœurs de pensées, mais dans mon cœur subsiste la trace de tous ces instants partagés avec l’espoir que d’autres femmes goûtent à leur tour la transformation opérée. Que d’autres propositions seront offertes au plus grand nombre d’entre nous, visibles, invisibles, cabossées, à l’aise dans leurs baskets mais femmes avant tout !! Nous avons tant de choses à dire et à montrer. Juste que la société nous donne l’opportunité de magnifier ce matériau qui réside en chacune de nous. Et c’est ce qui a été fait. Merci »
Projet mis en œuvre par Bérénice Doncque (Théâtre du Réel), Isabelle Üski (Cie Chorescence), Anne-Claire Brelle (Cie des Apatrides) et Julie Arménio (Cie Ru’elles) du collectif Le Baz’Arts sur l’initiative de la ville de Saint Martin d’Hères et de l’Heure Bleue (Saint Martin d’Hères en scène). Grand merci à toutes les participantes aventurières.
Plus d’infos sur le site de la ville de Saint Martin d’Hères